Jean-Paul Bernard
chef-opérateur du son
Septembre 1986. Alice et Martin ont dix-sept ans. Ils arrivent de province et entrent en terminale au lycée Montesquieu à Paris. Comme beaucoup de jeunes gens de leur génération, nés dans l'euphorie des années soixante-dix et nostalgiques d'une enfance trop heureuse, ils avancent dans la vie prudemment. Alice et Martin cherchent leurs marques dans la classe. C'est l'époque des manifestations contre la loi Devaquet et de la mort tragique de Malik Oussekine.
interprétation :
Aurélie Berrier: Alice | Mathieu Busson: Martin | Fanny Esteban: Caroline | Micha Lescot: Régis | Fabien Thomann: Mathieu | Christine Paoli: Madame Lucas | François Morel: le père d'Alice | Jacques Pradel: Le père de Martin | Carole Jacquinot : La mère de Sylvain | Jacques Marchand | Alain Guillo: le prof de math | Elisabeth Commelin| Sergi Lopez: le prof d'espagnol | Jean-Jacques Vanier
l'équipe :
Scénario: Manuel Poirier, Jean-François Goyet, Céline Poirier |
Réalisation: Manuel Poirier |
Premier assistant: Christian Portron |
Image: Nara Keo Kosal |
Son: Jean-Paul Bernard |
Perchman: Philippe Blanche |
Chef électricien: Gilles Cousteix |
Montage image: Yann Dedet |
Montage son: Emmanuel Augeard |
Direction de production: Bernard Bolzinger |
Production: Aissa Djabri, Farid Lahouassa |
Coproduction: Vertigo Productions, La Sept/Arte, France3
”Manuel Poirier filme avec justesse et mesure l’individualisme frileux des adolescents, leur manque d’enthousiasme chronique pour la politique et la vie sociale du pays, l’absence de révolte contre un système (la famille, l’école) qu’ils critiquent mais dont ils profitent sans barguigner. Malgré les manifestations houleuses de 1986 et la mort de Malik Oussékine qui y font penser, Mai 68 semble bien loin.”
Nathalie Queruel - La Vie”Sans paternalisme mais non sans ironie, Manuel Poirier filme la génération anti-Devaquet au plus près des sentiments, des désarrois intimes et des singularités. Chronique aigre-douce qui reconstruit la vie sans les clichés de la drogue et du sexe mais avec cette attention pour le malaise et la révolte des âges de transition.”
Le soir”Attention fragile ne ressemble pas à grand-chose de connu. Poirier construit son film sur la corde raide : entre observation quasi behavioriste et proximité aux tropismes infinitésimaux. Il enregistre la vie avec un humour jamais moqueur et une tristesse sans épanchement. A l'image d'un film qui ne jongle ni avec les conventions désarmantes de connerie ni avec les fausses fulgurances des auteurs soi-disant habités. Manuel Poirier, lui, est ailleurs.”
Les Inrocks« L’année 1986 s’est imposée à moi comme un événement évident de la décennie, avec des manifestations, un ministre “démissionné” par les jeunes, la mort de Malik Oussekine. Ce qui frappait dans les manifestations de 86, c’était le contraste des forces en présence : des étudiants quasiment “sages” face à des voltigeurs ! En 1968, il y avait des provocations qui justifiaient la crainte d’un Etat de se faire renverser. Pas en 1986. J’ai voulu montrer ce face-à-face démesuré.
Montrer les manifs à la télévision permet de mieux suivre les personnages dans leur vérité, hors de toute période “historique”. Ce qui m’intéresse, c’est cette période charnière entre l’adolescence et l’âge adulte. Je m’attache plus aux personnages qu’au mouvement lycéen, qui m’était apparu à l’époque marqué par une certaine innocence, une légèreté, un goût du jeu très éloignés de préoccupations plus politiques.
Plus encore que les histoires d’amour, les sentiments d’amitié me fascinent. Par l’amitié, on cherche à cet âge à se connaître à travers l’autre. Et il y a souvent - c’est le cas du personnage d’Alice - un chevauchement entre l’amour et l’amitié.
C’est aussi la première fois qu’un de mes personnages meurt dans un film, et c’est une lourde responsabilité. Dans la réalité, un suicide n’est pas toujours annoncé d’une façon explicite. Caroline traîne avec elle un problème d’identité, une difficulté à se situer, qui font qu’un moment de fragilité va la faire basculer... C’est un moment de cette tranche d’âge, pas de cette époque. Son acte sera ressenti très différemment selon les individus : certains seront gênés, pour moi, c’est une alerte. Attention : fragile. »
[ Né au Pérou, Manuel Poirier passe son enfance à Paris. Ouvrier, ébéniste, éducateur pour jeunes en difficulté, il multiplie les petits emplois. Cinéaste autodidacte, il réalise plusieurs courts métrages à partir de 1984, dont "La première journée de Nicolas" et "La lettre à Dédé", des portraits de jeunes libérés de prison confrontés aux difficultés de leur réinsertion. En 1992, il réalise son premier long métrage, "La petite amie d'Antonio", avec Sergi Lopez, un acteur catalan fidèle dans sa filmographie. Ce film est remarqué pour son ancrage social et un ton nouveau dans le cinéma français. Ce style se confirme avec "... À la campagne" (1994). Dans "Attention, fragile"(1995), Manuel Poirier dépeint le mal-être d'une jeunesse sans rêves. "Marion" (1996) évoque la complexité des liens familiaux et montre un respect de l'enfant inhabituel au cinéma. "Western" (1997), un road movie tourné en Bretagne, reçoit le prix du jury à Cannes et est plébiscité par le public. En 2000, le réalisateur retrouve Lima pour tourner "Te quiero". Puis, dans le documentaire "De la lumière quand même", il donne la parole aux enfants placés en foyers ou en familles d'accueil.
Les films de Manuel Poirier évoquent souvent la difficulté de vivre, tout en mettant en évidence les plaisirs simples et le bonheur possible. "Les femmes... ou les enfants d'abord...", est une chronique des tourments de la quarantaine. En 2003, "Chemins de traverse" met en scène les relations père/fils. "Le sang des fraises", en 2005, traîte de l'adolescence et du passage. En 2006, "La Maison", évoque la nostalgie et les souvenirs. Et avec "Le café du pont" en 2010, librement inspiré du roman autobiographique de Pierre Perret, Manuel Poirier signe un film volontairement optimiste sur l'enfance. ]
Une cinquantaine de longs métrages, souvent de belles aventures humaines, des immersions intenses au coeur d'univers singuliers, avec chaque fois tout à réinventer.
Une quarantaine de moyens & courts métrages, la meilleure façon peut-être de mettre le pied à l'étrier, de faire des rencontres, d'explorer les arcanes du métier, et puis un jour de transmettre un peu de ce que l'on a appris.
Du mouvement hip-hop aux chercheurs du CNRS, en passant par les cafés de Belleville, l'arrivée du surf à Biarritz ou la fabrication du carton ondulé : une école de la découverte.
Quelques incursions au théâtre, où l'aventure diffère de celle du cinéma, dans son rapport particulier au temps, à l'espace et au silence.
Jazz, chanson française, pop new-wave ou formations plus expérimentales, j'ai commencé en compagnon de la musique.
Masterclass pour comédiens, illustration sonore, films en suspend ou inachevés, publicités : des expériences diverses.