Ici c'est partout, voyez…
de Céline Finidori
Ernesto, douze ans, annonce à sa mère qu'il ne retournera pas à l'école. Parce qu'à l'école, on lui apprend des choses qu'il ne sait pas. Tandis que l'énigme de cette phrase résonne autour de lui, Ernesto est plongé dans la connaissance grâce à la découverte du livre de l'Ecclésiaste. De leur côté, un instituteur et une journaliste perdent leurs certitudes face à la douceur radicale et désarmante de cet enfant et de sa famille.
interprétation :
Ghislain de Fonclare: le père |
Sophie Pernette: la mère |
Steevens Henry: Ernesto |
Rémi Monbrun: l'instituteur |
Catherine Racinne: l'enquêtrice |
l'équipe :
Réalisation: Céline Finidori |
Dramaturgie: Pascale Nandillon |
Scénario: Céline Finidori & Pascale Nandillon |
Directeur de la photo: Kamel Belaid |
Cadre: Guillaume Bureau |
Son: Jean-Paul Bernard |
Perchman: Frédéric Tétart |
Scripte: Aurélie Rousseau |
Machiniste: Claude Bourdais |
Cuisinière: Zoubida Achahboune |
Montage: Cédric Putaggio |
Montage son: Florent Klockenbring |
Mixage: Gilles Bénardeau |
Etalonnage: Isabelle Laclau |
Coproduction: Espal - Red Star Cinéma |
Productrice déléguée: Gaëlle Jones |
Production: Théâtre de l'Espal, Atelier Hors Champ, Red Star Cinéma
2009, comédie dramatique, 59'
à propos :
« À l’origine de ce projet de film il y a la question de l’expérience : celle d’Ernesto dans sa rencontre avec L’Écclésiaste - le livre brûlé - et celle des habitants du quartier des Sablons dans leur rencontre avec le roman La pluie d’été. À travers la fiction de La pluie d’été et la remise en fiction de ce que nous avions vécu et échangé avec les habitants, la réalité de notre expérience commune pouvait se faire jour et s’immiscer dans le scénario. Pour nous, cette réalité était tout autant la présence de l’acteur, son corps, son souffle, que le bruissement d’un arbre.
La parole de l’Écclésiaste dite par quatre habitants sur le plateau du théâtre se dissémine dans tous les plans du film. Avec le vent, elle accompagne un habitant jouant un personnage du roman, ou un autre rentrant du travail. Elle contamine les différentes strates de la narration du film. Le film joue avec ces glissements de terrains d’une temporalité à une autre (temporalité de la fiction – quotidien de ce quartier), d’une identité à l’autre, d’une fonction à l’autre, d’un corps à l’autre. Ainsi Ernesto est joué par un enfant, mais sa parole est relayée, au détour d’une séquence, par un technicien du théâtre.
Certains lieux de la fiction agissent comme une force centrifuge - lieux repères de ce conte philosophique, immédiatement reconnaissables. L’appentis est juste le coin d’une pièce où les “brothers et sisters” et l’instituteur se réfugient. La cuisine, dans un des HLM, c’est un bout de table devant une fenêtre ouverte sur un arbre avec la mère qui se tient là, dans sa douce sauvagerie. Et le monde tourne autour d’elle: Ernesto, la fratrie, le père et sa dérive, l’instituteur, la journaliste, lointaine soeur des mendiantes qui peuplent les romans de Duras. La journaliste est celle qui apparaît, ça et là, au détour d’un chemin ou d’un immeuble, dans sa quête d’Ernesto et de sa sagesse désarmante.
Elle est aussi celle qui colporte la rumeur de la ville et les paroles échangées avec les habitants d’ici : comme celles de cet homme qui tentait désespérément de faire pousser de la menthe au pied d’une tour. Il rêvait, nous disait-il, d’une rivière qui reprenne son cours naturel et recouvre la cité. Son récit rejoignait celui de La Pluie d’été, ses espaces vierges, ses friches, lieux de sauvagerie, de l’entre-deux, de l’enfance.
La ville contemporaine n’accepte plus les lieux d’indécisions, elle n’aime ni la vacance, ni là où ça pousse…, tout seul…, sans engrais, sans tuteur, sans projet d’aménagement.Quelles sont les équivalences aujourd’hui, ici, à ces lieux du roman ? Un local associatif abandonné et venteux au pied d’une tour, les alentours de la rivière, une machine hydraulique archaïque et rutilante exposée dans un musée, l’espace que l’on peut parcourir en courant entre deux immeubles, le ciel quand on lève la tête… »